On connaissait le WiFi, place aux WiFo, la double dernière trouvaille anticrise, anti prise de tête et anti mauvais son de L-Acoustics, basée comme il se doit sur le fameux guide d’ondes DOSC pour le haut du spectre, mais agissant au sein d’une enceinte compacte, légère et s’utilisant aussi facilement et avec autant de combinaisons possibles que du Lego. Elle n’est pas belle la vie ?
ARCS Wide et ARCS Focus

Bien entendu cette enceinte existe déjà au catalogue depuis plus de quinze ans et s’appelle ARCS (désormais ARCS II, il était temps !!) l’acronyme d’Arrayable Radial Coherent System, mais avec son unique directivité de 22,5° x 60°, un prix assez élevé et un fonctionnement en bi-amplification plus lourd et onéreux, elle manquait de polyvalence. L’idée a donc été de créer une véritable gamme intermédiaire entre les inusables coaxiaux à courte portée, et les plus puissantes lignes à courbure variable en ajoutant à l’ARCS II deux nouveaux modèles appelés ARCS Wide et ARCS Focus, idéaux en moyenne portée. Ouvrant à 30° pour le Wide et à 15° pour le Focus, la directivité verticale étant de 90° pour les deux, ces boites offrent une infinité de combinaisons suivant qu’on les place verticalement ou horizontalement. Même si d’apparence très proche de l’ARCS II, les Wide et Focus en diffèrent pourtant sensiblement. Equipées en 12 pouces pour le grave en lieu et place du 15, fonctionnant en passif et enfin disposant d’aimants en ferrite, ces deux boîtes se révèlent avec 36 et 38 kg plus légères, plus faciles à combiner et surtout beaucoup plus abordables avec un prix catalogue d’environ la moitié de celui de l’ARCS II !!
Les avantages de l’ARCS
Mais revenons tout d’abord quelques instants sur les avantages qu’apporte l’ARCS par rapport à un système point source. Le premier est le fait de transformer le front d’onde sphérique généré par le moteur aigu en un front d’ondes isophase, ce qui chez L-Acoustics s’appelle la WST ou sculpture du front d’onde. Contrairement à un line array où la courbure est variable, avec l’ARCS elle est constante, et cela simplifie considérablement l’exploitation puisque, même si l’on revient à une décroissance de 6dB par doublement de distance, on garde la même réponse tonale où que l’on soit, et on bénéficie d’une portée théorique déjà très confortable de 35 mètres. Le second avantage réside dans la possibilité de pouvoir combiner radialement autant d’éléments que l’on veut grâce à leur couplage non interférent apporté par le DOSC, couvrant ainsi très précisément la zone ciblée. Le troisième avantage est le niveau SPL nettement supérieur. Il est dû à la concentration du son dans un des deux plans et l’obtention de couplage dans le grave qui, contrairement au haut du spectre parfaitement sectorisé, augmente au fur et à mesure qu’on ajoute des boîtes créant un contour naturel, jusqu’à 10 dB pour 4 unités au lieu des 12 théoriques. Le dernier avantage réside dans la facilité de mise en œuvre, et ne nécessitant même pas d’outil de prédiction puisqu’il suffit de regarder la forme de l’enceinte pour connaître sa directivité et extrapoler son comportement. Bien entendu la Focus n’ouvrant que de la moitié de la Wide offre avec 127 dB deux dB supplémentaires de SPL max entre 100 Hz et 10 kHz et bénéficie d’un volume de charge légèrement supérieur pour le 12 pouces mais sans que cela n’apporte de différence dans le rendu.
Wide + Focus = WiFo
Assembler des éléments revient donc d’une certaine façon à créer un gros point source puissant, très directif et remarquablement cohérent où en plus il est possible de mélanger des Wide et des Focus grâce à leur balance tonale très similaire. Un exemple typique consiste à utiliser les boîtes en banane traditionnelle en plaçant des Focus en tête de ligne pour porter plus loin et des Wide en bas pour la proximité, une solution idéale pour les stades. On peut appeler ça une sorte de courbure variable mais faite avec des éléments en courbure constante !! Pour le reste les Wide sont plutôt conçus pour être exploités posés verticalement et en proximité du fait de leur couverture large et les Focus plutôt horizontalement et accrochés pour exploiter leur faisceau plus serré.
Amplification et presets
En termes d’amplification, comme les enceintes sont passives et d’impédance nominale 8 ohms, il est possible d’en alimenter 4 avec le contrôleur LA4 et le double avec le LA8. Les presets sont au nombre de deux. Un premier appelé ARCS-WiFo commun aux deux modèles sert dès lors qu’on utilise plus d’une boîte à la fois. Un second appelé WiFo-Fi est destiné à des applications où l’enceinte joue seule et naturellement renforce le grave en absence de tout couplage.
Nouveau caisson de grave SB18m
Puisqu’on parle de grave, le sub prévu pour les WiFo est le SB18m, « m » pour mobile. Il reprend les cotes des têtes et peut être accroché avec ces dernières même si habituellement il est plutôt placé au sol et sert de support à ces dernières ou bien reste au sol à l’aplomb de la ligne de têtes. Malgré une ressemblance acoustique et technique totale avec le SB18 avec lequel il partage les mêmes presets, le SB18m ne dispose pas des accroches standard et ne peut par exemple pas être employé avec du Kara. Autre différence, il affiche 10 kg de plus sur la balance à cause d’un aimant ferrite préféré ici encore au néodyme pour des raisons de coût, sans que cela ne soit un désavantage quelconque en termes de rendu ou de SPL. Le néodyme n’est en effet avantageux en dehors de son poids inférieur que sur des haut-parleurs devant générer des niveaux extrêmement élevés à très basse ou très haute fréquence. L’ensemble constitue donc une offre cohérente et très agressive compte tenu des prix habituellement pratiqués par L-Acoustics sur le reste de sa gamme, un bon point qui va faire des heureux.
Ecoute à Marcoussis
Conviés à une démo sur site à Marcoussis, nous avons pu écouter en extérieur trois configurations différentes d’ARCS-WiFo, soutenus pour l’occasion par des subs SB18m, une écoute d’une précision absolue aidée par l’absence de vent, la possibilité d’évoluer librement autour des boîtes et la qualité des sources jouées par François Chaumeil, ingénieur application, support technique L-Acoustics et DJ pour l’occasion. La première configuration consiste en deux SB18m au sol côte à côte et avec sur l’un des deux, 2 ARCS Focus couchés latéralement : une configuration classique de stade ou de bas de gradins et à longue portée.

La seconde consiste en deux SB18m stackés au dessus desquels sont posés verticalement deux ARCS-Wide et enfin la troisième est un classique montage sur pôle, une barre enfichée dans un SB18m soutenant un ARCS-Wide tilté à -15°. La première impression est saisissante tant la couverture se révèle précise dans le pan géométrique de la boîte à 15 ou 30°. La sortie de la zone active implique une chute brutale du haut du spectre. Placés à huit mètres face à une enceinte, en se désaxant de quelques centimètres seulement, on perd réellement l’essentiel de l’énergie. La réjection est spectaculaire. Le contrat est bien rempli.


Dans le second montage associant deux Wide posés verticalement, le passage d’une boîte à l’autre est virtuellement inaudible, ce qui prouve la qualité du guidage du haut du spectre. Les yeux fermés, il est impossible de repérer le point de transition entre deux fronts d’ondes. On décèle tout juste un petit accident de l’ordre de 2 dB au-dessus des 8 kHz et situé environ 10° au-delà du point de recoupement, un léger détimbrage facile à déceler en extérieur et avec un array de 2 boîtes mais certainement gommé en cas d’array de 3 éléments et plus, les quelques influences inter boîtes devenant plus nombreuses, à des fréquences plus basses et donc plus difficiles à repérer ou enfin en salle du fait des réflexions. N’oublions pas que nous avons ici des enceintes certes très directives, mais dont le front d’onde ne peut être assimilé à un rayon laser. Il est donc normal que le raccord entre deux unités qui doit par ailleurs être réussi à toute fréquence puisse provoquer, un peu comme deux lais de tissus cousus ensemble, soit une petite surépaisseur au centre, soit deux coutures repérables au-delà. L-Acoustics a fait le choix judicieux de raccorder parfaitement des unités entre elles en acceptant implicitement que cela puisse légèrement influer ailleurs, la perfection n’étant toujours pas de mise en ce bas monde !!


Enfin l’écoute d’un line array placé horizontalement face à soi et non verticalement et accroché, permet de débusquer facilement le moindre accident aussi minime soit-il puisqu’il n’est pas adouci par le sol, les sièges ou simplement la distance et les réflexions. Cela dit, il suffit de tenter de raccorder deux enceintes à pavillon ou des coaxiaux pour comprendre à quel point un ARCS fonctionne bien et permet de s’affranchir de problèmes d’interférences sinon totalement indigestes. Le plan opposé à celui à 15° ou 30° couvre bien 90° avec une décroissance très progressive sur l’ensemble du spectre et aucun accident notable.Les extraits joués par François ont immédiatement permis de retrouver le pédigrée L-Acoustics dans le haut du spectre avec une belle dynamique, de l’énergie et un rendu naturel et même punchy dans la Focus comparé à la Wide dans la bande des 1 kHz/10 kHz où elle délivre 3 dB de plus avec son ouverture deux fois moindre. Très bonne articulation du médium avec une sonorité juste et timbrée des voix qui apparaissent aériennes. On sent que ces boîtes disposent de haut-parleurs modernes offrant une grosse excursion et une belle linéarité. On ne peut en revanche pas se prononcer sur le bas du spectre, les SB18m apportant leur dime de manière trop généreuse pour se forger une opinion. Quoi qu’il en soit, on sent ce système parfaitement à sa place dans le catalogue L-Acoustics sans que son positionnement prix n’implique de concessions audibles. En jouant avec le nombre de boîtes, leur placement et leur complémentarité avec les subs, on obtient un son consistant et avec assez de matière en haut et en bas pour satisfaire pleinement les utilisateurs et le public. Les WiFo ne présentent aucune difficulté ou piège majeur nécessitant la présence d’un technicien spécialisé et pour toute utilisation au sol, c’est réellement du plug and play contrairement à l’ARCSII qui avec son ouverture asymétrique, sa taille, son poids, sa bi-amplification et son prix, se destine avant tout au grand touring. Il y a fort à parier que les WiFo soient un succès et lui fassent de l’ombre dans toutes les applications et jauges moyennes voire au delà.
Un grand merci à toutes les équipes de L-Acoustics pour leur temps, leur gentillesse et la qualité des informations techniques et des éléments fournis.



